Tricard dans l’équipe de football de la petite ville de Trincamp, François Perrin perd son emploi et son logement puisque le patron de son ancien club est aussi celui de l’usine où il travaille. Accusé d’un viol qu’il n’a pas commis, il se retrouve en prison. Pourtant, lorsque l’équipe locale est privée de joueurs expérimentés pour participer à la coupe de France, Perrin obtient une autorisation de sortie pour aider son équipe à gagner le prochain match. Mission réussie. Perrin devient subitement le héros de la ville, mettant les notables, qui l’avaient accusé de tous les maux, dans l’embarras…

C’est à un réjouissant jeu de massacre que nous convie Jean-Jacques Annaud pour son second film. Une comédie satirique et grinçante (sur le modèle des farces italiennes des années 60/70) qui dénonça, bien avant qu’ils ne fassent la une des journaux, les travers et les dérives d’un sport adulé par certains comme une religion. Du patron paternaliste qui s’offre un club où il entretient « 11 imbéciles pour en calmer 80 » aux motivations plus pécuniaires que sportives des joueurs, en passant par l’humeur changeante des supporters en fonction des résultats des matchs, Jean-Jacques Annaud offre un spectacle peu reluisant du monde du football. Avec l’aide de Francis Veber au scénario, il tire également à boulets rouges sur les notables qui se croient au-dessus des lois et compose un film de revanche plutôt malin porté par une étonnante galerie de seconds rôles, de l’épatant Jean Bouise, en chef d’entreprise cynique et onctueux, à Michel Aumont et Paul Le Person, sans oublier l’ex-majordome des Tontons flingueurs : Robert Dalban.
Dommage que les nombreuses allusions au viol (qui semblent, aujourd’hui, aussi stupéfiantes que d’un autre temps) plombent par instant un récit fort bien rythmé qu’emmène la performance tragi-comique de Patrick Dewaere, parfait en jeune chien fou revanchard.
Devant cet efficace Coup de tête aux institutions, on en vient à regretter le temps où le cinéma français savait dénoncer en riant les travers de la société au lieu de promouvoir un certain entre soi souvent associé à un humour bon enfant qui ne choque, ni ne questionne plus personne. Comme quoi, comme dirait Zidane, il y a encore des coups de boule qui se perdent.