Affiche du film La comtesse aux pieds nus
A l’enterrement de la star hollywoodienne Maria Vargas, le cinéaste Harry Dawes se remémore leur rencontre en Espagne quelques années plus tôt et les circonstances qui ont conduit la jeune femme vers son funeste destin.
Un beau portrait de femme, une histoire faite de multiples retours en arrière enchâssés et racontés par plusieurs narrateurs, des dialogues brillants et plein d’humour…
Pas de doute, nous sommes bien dans un film de Mankiewicz comme le confirme le raffinement de la mise en scène qui s’amuse, dès la première séquence, à dérober à nos yeux la fameuse danseuse Madrilène dans son numéro et préfère s’attarder sur les réactions subjuguées de son public, histoire de rendre la belle encore plus fantasmatique.
Ingéniosité ou subterfuge ? La question mérite d’être posée, surtout lorsque l’on découvre, un peu plus tard, les piètres qualités de danseuse d’Ava Gardner dans un camp de gitans.

Photo d'Ava Gardner dansant le camp gitans
Si la critique, incisive et désenchantée, du côté factice du milieu du cinéma, de la jet set et des puissants de ce monde est toujours d’actualité, la variation moderne sur le thème de Cendrillon est un peu datée. Aussi brillant scénariste soit-il, Mankiewicz finit par noyer l’émotion qu’il aimerait susciter sous un flot de paroles, ses personnages passant finalement plus de temps à analyser leurs tourments qu’à les vivre à l’écran. Rapidement, les affres de celle qui aimait marcher « pieds nus dans la poussière » traînent en longueur et son tragique destin laisse de marbre, d’autant que l’interprétation d’Ava Gardner et d’Humphrey Bogart, en double du cinéaste, n’a rien de prodigieuse.
Si cette comtesse ne manque pas d’intérêt, elle n’est pas vraiment à la hauteur de sa réputation de chef d’œuvre qui lui colle à la voûte plantaire.